Nous sommes dans une société qui valorise la beauté du corps et d’autres concepts comme le Q.I. Aujourd’hui, je vais vous partager mon sentiment et mon témoignage sur le concept de beauté physique.
Pourquoi ?
Car, il m’a été inculqué très jeune qu’il fallait être belle physiquement pour être digne d’être aimée, notamment par la gente masculine. J’ai été jusqu’au point où j’étais convaincue que je ne pouvais pas être aimée. La contrepartie, c’est que j’ai littéralement détruit mon corps. Après ce choc, j’ai décidé d’apprendre à m’aimer et surtout aimer la vie. Je me suis rendu compte pas à pas que mon corps est le réceptacle de cette vie : c’est cela qui est beau. Se sentir vivant avec lui et à travers lui. C’est comme cela que j’ai accepté une évidence :
» Je suis standardement moche »
J’ai mis plus d’une décennie à en faire résilience et surtout à accepter cette chose factuelle pour ne pas remettre en question mon amour et mon estime de moi, à travers ce concept de ‘beauté physique sociale’.
Mais allez savoir, surprise, les critères de beauté physique changent selon les époques et les cultures. Un jour peut-être que je serais standardement belle…
La beauté physique telle que nous la vivons n’est pas de l’amour mais un moyen, un besoin de dominer l’autre ou de le soumettre à notre soi-disant supériorité. Et de se sentir plus digne de vivre et d’être aimé. C’est factuel et pragmatique.
Maintenant, je vous partage ce poème qui est l’un de mes outils de transformation émotionnelle. En effet, mon but est de transformer l’émotion en intelligence, j’y travaille depuis dix ans. D’où pourquoi maintenant, l’une de mes activités : Animatrice en intelligence émotionnelle.
Voici le poème :
BEAUTÉ FATALE
Avec l’innocence, De mon enfance, J’ai cru qu’il fallait être belle, Belle physiquement pour être aimée. C’est ce que m’ont raconté mes aînées. Mais, je suis devenue rebelle.
Car avec toutes ces humiliations, Ces regards désobligeants. Cela m’a été hypnotisant. Il fallut réaliser la réconciliation. En moi-même pour me sentir digne. Digne d’être aimée, Comme toutes ses « beautés ». Mais j’ai observé dans ces castings.
La beauté est changeante, Selon l’époque et la culture. Accepter qu’elles sont intransigeantes, Pour certaines au présent et au future. C’est la clé de ma libération.
J’accepte d’être moche standardement. Ce n’est pas de l’amour mais une aberration. J’aime ardemment. Mon corps qui me fait sentir vivante. Je me sens exister par lui, Et grâce à lui. Je suis une beauté vivante !
Adeline PETIT
Alors, comment le vivre sereinement ce concept de beauté physique ?
La beauté physique est un critère de préférence comme la nourriture. Il y en a qui préfèrent le chocolat et d’autres la vanille.
Ces critères sont des modes selon les époques et les cultures.
Ces critères définissent la valeur d’un produit et non d’un être. Offre de loi et de la demande.
Accepter que certaines personnes ne seront pas sur la même longueur d’onde et qu’ils auront une autre croyance que vous et surtout des goûts différents de vous.
Prendre conscience que la Beauté : c’est ressentir les expériences de la vie dans son corps.
La Beauté c’est la conscience d’être vivant dans les différents plans de nos vies.
À la suite de l’écriture des premières lignes de cet article, j’ai réalisé une recherche sur beauté fatale. J’ai découvert deux livres qui montrent ce dysfonctionnement de beauté sociale. Dans le livre « Beauté Fatale » on parle même d’aliénation :
L’autre est une B.D humoristique sur ce que nous nous infligeons pour nous conformer à certains critères de beauté :
Les soins de beauté doivent rester un choix et une envie d’honorer son corps et non une dépendance à la conformité.
Merci de votre attention et de votre lecture. Prenez-soin de vous et votre corps pour vous sentir…vivants !
Une société c’est 1+1+1+1+1+1+1+1…autant de parcours variés et quand on gratte on s’aperçoit même que des gens qui mènent une vie banale n’ont rien de banal. Nous n’avons pas voulu interviewer une rescapée de la guerre, un survivant d’une catastrophe naturelle, une personne autrefois battue, violée. Une vie peut être riche (et riche d’obstacles) sans avoir forcément vécu des traumatismes tels que ceux causés par ce que nous venons de citer. Et si nous avons parfois le sentiment d’avoir des vies monotones (comme le chantait Gérard Manset en 1984) il n’en est rien en réalité. Un système peut-être monotone, pas nos vies, pas la Vie.
Nous nous sommes entretenus avec une internaute dont jusque là nous ne savions rien. Ce sont quelques échanges en off sur Facebook qui nous ont conduit à cet entretien ci-dessous. Que Do (c’est ainsi qu’elle veut qu’on l’appelle) en soit remerciée. Son témoignage n’a rien de fondamentalement « extraordinaire » mais il parlera à tous. Et pourtant ! Il est important et peut aider ceux et celles qui nous lisent. Car une femme qui se reconstruit et assume de vivre nous apprend forcément quelque chose.
Do, merci d’avoir accepté cet entretien avec Mouvelife
Merci c’est moi
Vous visitez souvent notre site ?
De temps en temps, il faut que ça me parle
Et on si vous dit ‘résilience’, à quoi vous pensez ?
C’est tout ce que j’ai vécu.
Et si on vous dit développement personnel ?
C’est ce que j’ai mis en place depuis deux ans, après un rencontre.
Vous avez la trentaine d’année, vous vivez à Compiègne ?
Oui, ça fait une dizaine d’année que je vis en Picardie. Avant je vivais dans le Val d’Oise et je suis partie de là-bas pour suivre mon ex-conjoint qui avait un poste en Picardie
Vous êtes partie en Picardie par amour ?
Oui on peut dire ça. C’était aussi pour fuir mes parents. Surtout.
Pourquoi ?
Je ne voulais plus vivre sous le même toit depuis de très nombreuses années.
C’était dû à une crise d’adolescence ou c’était quelque chose de bien plus profond ?
C’était bien plus profond, ça venait aussi de mon enfance, je me rejetais moi-même, j’avais des rapports conflictuels avec mon père, ma mère, ma sœur. Je me sentais étouffée par ma famille qui voulait toujours tout savoir sur tout, se permettait de juger le peu que j’arrivais à faire dans ma vie.
Comment vous expliquez leur attitude à votre égard ?
Avec le recul. Je réfléchis… J’étais la petite dernière, c’était inconsciemment pour eux celle qui allait s’occuper d’eux quand ils seraient vieux. Je crois qu’ils avaient peur que la petite dernière s’en aille et qu’ils se retrouvent seuls. Heureusement pour eux, très vite après mon départ, ils sont devenus grands-parents. L’attention s’est déplacée.
Mais vous parlez de difficultés avec vos parents pendant l’enfance.
Mon père était peu présent dans mon enfance. Le travail, mais il était aussi très impliqué dans le domaine sportif. Il faisait du judo trois fois par semaine, il courrait. Il ne tenait pas en place, il ne tient toujours pas en place. J’étais petite, il partait à 6h, il revenait à 18h, du coup c’est surtout ma mère qui s’occupait de ma sœur et moi. Ma mère me rabaissait énormément, me disait que je n’arriverais à rien dans ma vie.
C’est étonnant car dans les familles, les petites dernières ou les petits derniers sont souvent choyés, là c’est le contraire.
J’étais la petite de trop. Quand j’étais ado et que je me fâchais, je lui disais » de toute façon tu ne m’as jamais voulu « , elle s’énervait et disait « Non, dis pas ça ». Il y a un an et demi, lors d’un repas dehors, elle a dit ouvertement que je n’étais pas désirée, que je suis arrivée comme un cheveu sur la soupe. Mais ce rejet m’a permis aussi plein de choses, j’a pris du recul.
Et votre sœur ?
Ma sœur aînée, qui a trois ans de plus que moi, que j’ai toujours surnommée ma maman 2.
Une relation fusionnelle ?
Pas du tout. C’était conflictuel, il y avait toujours quelque chose à critiquer, la musique que j’écoutais etc. L’ordinateur était dans sa chambre, pour l’utiliser fallait que j’y aille en douce, ce qui m’a appris à faire les choses en douce. Plus tard, elle avait toujours un truc à dire concernant les copains de mon adolescence… c’était un environnement stressant, oppressant, les ados de mon âge sortaient, ils ont vécu leur adolescence à sortir, avec des copains, ils faisaient plein de trucs, moi j’étais enfermée dans ma chambre, dans mon monde, à regarder le ciel, regarder des films, à rêvasser comme disait ma mère. Mes parents avaient toujours un truc à dire sur tout ce que je faisais, ça a laissé en moi des traces dans ma vie d’adulte.
Une famille engagée ? Quel était sa vision politique ?
Alors là c’était la famille tabou : on ne parlait jamais de politique, d’argent, de sexualité. Même les règles étaient taboues. Ma sœur et moi avons été baptisées. Mais ma sœur a fait la communion juste pour avoir les cadeaux, elle a avoué. Ma mère m’a demandé si je voulais faire aussi ma communion. Chose que je n’ai pas fait.
Mais alors vous parliez de quoi ?
Et bien, pas grand chose. Les voisins qui fon trop de bruit, les grand-parents car il y a eu beaucoup de conflits avec les grands-parents paternels. Il y avait l’école les devoirs… ma mère qui me disait « c’ est important d’aller à l’école, pour avoir bon job, pas comme moi « .
En 2021, où vous en êtes dans les relations avec votre famille ?
Je dirais que ça commence à aller mieux, notamment suite à ma séparation avec mon conjoint. Je me rejetais tellement que je les ai rejetés totalement. C’est étrange car à la fois je les rejetais et à la fois j’avais besoin d’eux dans ma vie. Je suis plus détendue avec mon père, c’est un grand blagueur, on arrive à discuter, rigoler. Ma mère est toujours en train de se plaindre. Ma sœur, ça s’améliore pas à pas. Oui vraiment la séparation avec mon conjoint m’a libéré.
Mais vous avez eu votre part d’affection jeune ou adolescente ?
Très peu. (silence). Non. Ma sœur m’insultait plutôt qu’autre chose. Depuis toute gamine, quand j’avais 5, 6 ans, on passait devant un mac do quand on revenait de ma grand-mère , quand je demandais si on pouvait avoir un mac do, mes parents disaient non, cinq minutes plus tard quand ma sœur demandait si on pouvait avoir un mac do, mes parents disaient oui. Mes parents acceptaient tout pour elle.
Vous avez discuté plus tard de cette inégalité de traitement ?
Non. C’est pas le moment. Elle est trop ancrée dans la matière, le superficiel, le train-train quotidien. Mais je sais que dans quinez ou vingt ans on aura cette discussion. Quand on aura cette conversation, chacune de son côté aura avancé. Je suis confiante.
Avec votre conjoint, vous étiez pacsé ? C’était le premier amour de votre vie ?
On était pacsés. Mais le sentiment amoureux je l’ai eu très tôt, dès la maternelle. Avec l’amour inconditionnel comme les enfants en sont capables. Puis au collège et évidemment au lycée. A 17 ans, je suis resté avec quelqu’un pendant deux ans, il est parti voir ailleurs et en même temps, j’avais plutôt ressenti que c’était dû au frère plutôt qu’autre chose. C’est la personne qu’il a rencontré qui m’a dit sur skyblog » je crois qu’on a le même mec ». Maintenant j’en rigole mais à l’époque, je ne rigolais pas du tout.
Le conjoint que vous avez suivi, vous l’avez connu dans quelles circonstances et pourquoi l’avez vous suivi ?
Je l’ai rencontré lorsque je cherchais un patron pour mon alternance, je suis rentré dans l’entreprise où il travaillait le mercredi et on est sorti ensemble le samedi, puis j’ai imité ma sœur, je l’ai suivi, il fallait trouver quelqu’un et s’installer. Je dois dire que quand j’ai eu mon bac, ma mère n’avait pas cru. J’ai eu mon bac avec mention, il a fallu que ce soit mon ex-conjoint qui lui confirme par téléphone, ce fut dur à vivre. Il y a eu une cassure et c’était le moment de partir pour moi, de quitter le climat familial et de suivre mon ami. Avec le schéma du rejet, je me dévalorisais tellement que je pensais que les études étaient impossibles pour moi. J’avais des crises d’angoisses, de l’anorexie. Il fallait fuir. Le premier truc qui s’était mis sur mon chemin, c’était mon ex. Une fuite mais pas la liberté, puisque se fut une descente aux enfers. Dix ans et demi d’enfer. Sur dix ans, huit ans où je dormais, où je n’étais que l’ombre de moi-même. J’ai un mot qui me vient, c’est perversion. Dans le sens où il m’encourageait dans mon état. Je buvais ses paroles, je fusionnais avec lui. Je cherchais l’amour et le regard de l’autre.
Il avait un schéma familial très spécifique, on allait voir sa famille de moins en moins, il ne s’y sentait pas bien. Moi de mon côté étant solitaire, je ‘avais pas d’amis. Lui il avait quelques amis, mais je n’étais pas dans leur délire, je me sentais à l’écart. Même entourée de monde, je me sentais seule, pas bien. Nous n’allions jamais au théâtre. Au cinéma cela nous arrivait même si au bout d’un moment, il y avait toujours ce truc. C’était l’argent, il se plaignait que c’était lui qui payait plus que moi alors que nous n’avions pas du tout le même niveau. Une fois au cinéma au bout de cinq minutes j’ai eu une crise d’angoisse et je suis allée l’attendre dans la voiture. Le restaurant, encore moins car j’étais anorexique, sauf vers la fin. Et pour lui de toute façon le restaurant, c’était kebab, burger, macdo, fast food.
Son père était français, sa mère était née à Pondichery, en Inde. Son père, plutôt blanc, chasseur. Son père a quitté sa mère, il avait 17 ans. Après il est parti avec une femme d’origine africaine, le grand-père n’était pas du tout content. De son côté, le climat familial était délétère. Mon ex a pris inconsciemment la place du mari dans la famille et sa mère très dépendante de lui.
Je dois vous parler aussi de sexualité… avant mon ex, j’avais rencontré quelqu’un, ça a duré 6, 7 mois, ça m’a éveillé à la sexualité, c’était la première fois où j’avais du plaisir, où je n’avais pas mal. La première fois il faut dire que ça c’était passé chez mes parents, ça n’avait même pas duré cinq minutes. J’avais eu mal, le mec me disait que c’était normal. J’ai vécu cette première fois dans la souffrance, ça laisse des traces psychiques. La douleur est revenue dès la première fois avec mon ex-conjoint. On faisait l’amour en cachette car sa chambre était son lieu de vie, où sa famille rentrait n’importe comment. Genre sa mère cogne très fort au moment où nous sommes sous les draps et crie « qu’est-ce qu’on mange ? « . Je crois qu’il était mal à l’aise aussi. La pénétration, j’ai connu ça 4 fois en dix ans. après c’était plus des gestes tendres. Puis est venue une époque où il ne pouvait plus me toucher. C’était une vie de couple à mille lieux des films romantiques que je voyais. De plus, il y avait cette anorexie qui s’est aggravée, c’était par phases. La première phase c’était à 14 ans, dans une famille d’accueil, j’étais loin de mes parents, c’était dur. Tout ce qui était colonie, c’était le pire cauchemar.
J’ai touché littéralement le fond à 23 ans, quand ma soeur s’est mariée. Lors du mariage de ma soeur, j’avais pris un 36. J’adorais. La dame du magasin me dit c’est trop grand et m’a conseillé la taille en dessous sur le mannequin dans la vitrine. J’adorais la robe et je ressemblais à un sac d’os. J’ai acheté une robe noire chez Mango qui cachait tout. Quand on ne se nourrit plus on a de plus en plus de trous de mémoires. Mais je ne me suis jamais fait vomir, j’étais phobique du vomi, je n’ai jamais pris de laxatifs. C’était simplement la privation pure et dure de l’alimentation. Un autre moment je pouvais manger, manger, manger. Une fois j’avais tellement mangé, mon coeur palpitait, j’ai songé à me faire vomir mais, une petite voix m’a dit » non te fais pas vomir sinon ce sera la fin « . Je me suis couchée à côté des toilettes, j’ai tenu. Avec le recul, il y a une force en moi, je crois. C’est tout récent que je retrouve le plaisir de dîner, je suis sorti de l’anorexie mais ça se fait par étapes.
Personne n’a relevé le fait que vous étiez anorexique et vous travaillez dans une boulangerie ?
Non, pas vraiment. Vous savez, j’étais abonnée au médecin. Aucun médecin n’a détecté de troubles alimentaires. Bon, ils n’étaient pas armés pour ce sujet.
Surtout les médecins de famille.
C’est vrai. Et après quand je me suis retrouvée sur Compiègne, je faisais bien la comédienne. Quand le médecin me disait que j’avais un peu maigri, je bottais en touche avec de l’humour. A la boulangerie, je ne ressentais pas ma faim, mais je savais donner faim aux autres, du coup j’étais l’une des meilleures vendeuses. En fait, j’avais tellement faim inconsciemment que je communiquais mon enthousiasme. J’y suis toujours dans cette boulangerie, depuis 7 ans et demi. Quand je mangeais, c’était soit une salade ou du sucré. Mais la salé ne passait pas. L’anorexie c’est complexe, ça prend de multiples facettes. Mais mon ex n’était pas dupe, il me disait » il faut que tu manges, la nourriture c’est comme de l’essence dans une voiture, si ça continue comme ça, je t’emmène l’hôpital « . Je ne voulais pas y aller, j’ai fait des efforts progressifs.
Le confinement, vous m’aviez dit avant cet entretien, que ce fut révélateur et que ça vous a encouragé à quitter votre copain…
Oui même avant. J’avais déjà songé à la quitter, c’était au bout de quatre ans, il m’a retenu. Ensuite, il m’a presque forcé à signer un 35 heures dans une boulangerie. Ce fut difficile à vivre. J’avais encore mes troubles alimentaires, mes crises d’angoisse, je travaillais six jours sur sept, la pression. J’ai même songé au suicide. En finir avec le boulot, le couple. Et puis la vie, les synchronicités. Mon ex me parle d’une cliente qui fait de l’hypnose régressive. Puis je me retrouve à faire une hypnose avec Adeline Petit. J’ y allais sans arrière pensée. En 2018, mon ex conjoint y a eu recours aussi, car il avait aussi un passif. Mais c’était peu probant. Je dois confier que quand j’ai rencontré Adeline Petit, ce fut comme une retrouvaille. La première fois qu’on la voit, ce qui nous marque ce sont ses yeux.
Et pour moi, ce fut la sensation de retrouver une amie. Avant de faire la séance, on a dû parler pendant une heure, une heure et demi. J’ai parlé sexualité, une façon de sauver mon couple. Mon conjoint me faisait comprendre que tout était de ma faute. Adeline était un peu comme la dernière chance. La sexualité était un vrai problème. Surtout quand quelqu’un te met tout sur les épaules. Adeline a su me dire que ce genre de problème ça va dans les deux sens, ce n’est jamais unilatéral.
Comment l’avez-vous vécu le confinement ?
Le premier confinement… Juste avant c’est-à-dire fin janvier, début février j’avais déjà dit à mon conjoint » il y a deux possibilités, soit on reste et on évolue ensemble sinon on se sépare et chacun suit sa vie ». J’avais eu l’idée d’aller voir une thérapeute de couple et il avait accepté de m’accompagner. J’étais remplie d’espoir… le rendez-vous… bon… on était toujours au même point… le seul coupable c’était moi… je dois confier aussi qu’il n’arrivait pas à trouver le vagin… je lui disais » Là tu vas vers l’anus », et il disait « non, non, c’est le vagin… ». J’en arrivais à douter de mon corps. On le faisait dans le noir. Il aimait que je lui fasse une fellation. Mais me faire une cunnilingus, c’était toute une histoire. Les trois premières semaines du confinement, je regardais beaucoup la télé, je m’endormais devant la télé. La troisième semaine il y a eu déclic, il se réveille, moi je le regarde, il me dit : « quelle heure il est »; je lui dis : « 8 heures ». Et sa réaction : « ah ben c’est cool je vais pouvoir voir deux autres épisodes de ma série ». Alors ok, le gars, tout ce qu’il trouve à dire au réveil à 8h, c’est je vais voir la télé à côté de sa nana. Les semaines passaient, il faisait l’intégrale de Game of thrones, ou Avengers. Je ne voulais plus vivre ça… Et là est arrivé le compagnon de ma voisine. Elle était sous tutelle, souvent éméchée, parfois la police venait. J’appelais les flics, il venait me reprocher d’avoir appelé les flics, je contactais le propriétaire, bref, c’était trop. C’était fin avril 2020. Il n’y avait plus rien à faire. A ce moment là mon corps de femme se transformait. Je redevenais belle. Il avait des crises de jalousie, il ne supportait pas qu’on voit ma poitrine mise en valeur. Pour lui, la femme devait se cacher. Le Noël avant le confinement, il m’a fait une crise suite à un repas en famille. Je lui ai claqué dans la tronche : « Je m’habille comme je veux, tu n’as rien à me dire sur la manière de m’habiller ». Je lui dit fin avril, dans la chambre « C’est fini, on se sépare ». Il m’a dit » Oui, on est devenu que des partenaires financiers ». Au bout de dix ans…
Heureusement entre temps j’avais commencé à chercher un appartement. Quand j’en ai parlé à mes parents, là aussi ça a été la claque. Mon père me disait : »oui mais ça peut arriver dans des couples que ça aille pas fort après tant d’année ». Ma rupture bousculait leur train-train quotidien. J’ai déménagé en août et pris le temps de parler plus longuement à mes parents de ma vie. Je ne voulais plus des non-dits. A partir de la séparation j’ai commencé à revivre, je me suis remise au chant. La seule matière à l’école où j’excellais c’était en musique. Quand j’ai voulu faire du piano, mon père a refusé en disant » Non ce n’est pas un sport » et il avait prétexté le budget. J’en ai reparlé à mon père récemment de ça, il a dit : » Non je ne m’en souvenais pas de ça ». Je me suis dit laisse tomber, il avait la mémoire sélective, de plus en plus.
Maintenant, je vis avec moi-même. Quand je suis allée au conservatoire récemment pour le cours de chant, je me suis sentie chez moi, à ma place où je devais être. C’est une libération !
Actuellement, vous êtes toujours à Compiègne ?
A quinze minutes, je bosse toujours à la boulangerie et je vis avec mon chat.
Comment ce chat a fait irruption dans votre vie ?
Et bien, ça faisait déjà quelques années que je voulais un chat mais mon conjoint était allergique. Puis on est allé chez un couple d’amis, leur chatte avait eu une portée et il y avait un petit chaton gris, prématuré. Quand je suis revenue les voir, le petit chaton avait bien grandi et se collait à mon conjoint. Mon amie a insisté pour que mon conjoint le prenne, et on s’est retrouvé avec ce petit chat. Après des recherches, j’ai découvert que le chat a une autre symbolique, c’est un des noms qu’on donne au pénis de l’homme et tout s’est passé comme si le chat prenait la place de mon ex. Il se comportait avec moi comme si j’étais sa femelle. Je dormais, il dormait.
Etonnant. Et où en êtes-vous maintenant ?
Et bien ça fait un an que je suis célibataire, je ressens que je vais rencontrer quelqu’un. Mais la vie de couple je ne veux plus en entendre parler, le mot de couple est insupportable. Je sais ce dont j’ai envie, ce dont je n’ai plus envie. J’ai envie de partager des moments ensemble sans ambiguïté… J’ai pris le temps de m’intéresser à la façon dont les hommes ressentent les choses. Beaucoup de femmes ne se rendent pas compte à quel point l’homme peut être stressé par le sexe. J’aime les hommes qui disent ce qu’ils ressentent, qui ne cachent pas leurs émotions. Je veux voir un homme qui vit totalement. J’ai été dans la non-vie, je veux vivre totalement. Cette liberté n’a pas de prix. Le jour où quelqu’un rentrera dans ma vie, c’est chacun chez soi.
Il y a de plus en plus d’articles là-dessus en effet, et ça touche le monde entier, l’Afrique urbaine, New Delhi. Ce que je retiens dans cet entretien-fleuve, c’est votre progression avec ce mot de fin, que vous avez envie de vivre. C’est important. On a le droit de vivre. On a pas le droit de faire croire que les gens ne peuvent être heureux que s’ils ont une voiture, de l’argent ou une vie de couple normalisée, idéalisée. Vous rappelez le long chemin parcouru pour retrouver votre intégrité physique, émotionnelle et mentale. Vous vous autorisez à vivre. Alors certes vous n’avez pas fait cette démarche toute seule, des personnes comme Adeline Petit vous ont accompagné. Vos mots vont aider beaucoup de lecteurs, de lectrices.
Merci de la part de Mouvelife pour ces confidences.
Début des années 70. Lorsque l’écrivaine Marie Chaix décide d’écrire sur l’histoire de son père, le collabo Albert Beugras, membre du Parti Populaire Français, parti fasciste, elle en fait part à sa sœur qui lui demande de ne pas la citer publiquement. Et pour cause, sa sœur n’est autre qu’Anne Sylvestre. Celle-ci chante depuis 1957 et malgré les aléas, elle a déjà un nom. Elle est une des premières autrices compositrices d’expression française avec Barbara et Nicole Louvier. Et il faut de l’assurance pour s’affirmer en tant que femme artiste au lendemain de la seconde guerre mondiale.
L’assurance, la confiance en soi ne sont pas des traits de caractères encouragés chez les femmes et par notre société. Oui, de Gaulle a libéré la France des allemands mais cette France gaullienne est conservatrice sur le plan des moeurs. Mai 68 changera un peu à la société. La libéralisation de la société s’accélère à la fin des années 70. Mais avant : une femme qui chante ? Pensez donc… Juliette Gréco, l’interprète de ‘Déshabillez-moi’ se fait insulter dans la rue.
(Marie Chaix, écrivaine (haut) – Anne Sylvestre, chanteuse (bas))
Anne Sylvestre chante, se bat pour chanter, pour exister, franchir le temps, les modes. Mais évoquer la mémoire d’un père du ‘mauvais côté’ en public est impossible. D’ailleurs, elle confiera dans divers médias en 2007 en avoir sûrement payer le prix dans son métier car dans le show-biz, ça se savait. Elle insiste sur ce sentiment de honte d’être fille de collabo. Comment se construit-on quand on grandit du mauvais côté ? Anne Sylvestre s’est exprimée à travers la chanson. Sur sa solitude adolescente difficile avec ‘Pour qu’on m’apprivoise’, sur les angoisses de l’enfance avec ‘L’Enfant qui pleure au fond du puits’. C’est dans le spectacle culte ‘Gémeaux Croisés’ en 1989 en duo avec la chanteuse québécoise Pauline Julien qu’elle évoquera à la troisième personne du singulier son enfance et son adolescence. Le roman de sa sœur ‘Les lauriers du Lac de Constance’ est sorti en 1974. Un grand succès d’édition.
‘Pour notre plus grand bonheur et peut-être, qui sait, son plus grand malheur, Anne Sylvestre fut pionnière : femme qui chante, qui se chante, qui écrit ses propres textes et ses musiques, pionnière dans la musique pour enfants, pionnière dans le fait de fonder sa propre société, pionnière même dans l’utilisation du micro HF à la fin des années 80 avec sa sœur de scène Pauline Julien.’ Cet extrait du site Culture et Chanson résume l’avant-gardisme et la force d’Anne Sylvestre.
En 1994, elle écrit la chanson la sublime chanson ‘Roméo et Judith’ où pudique elle aborde les ravages de la guerre sur un couple amoureux dont nous reproduisons un extrait ici :
Et si nous échangions nos morts Sur moi la honte s’accumule Le sang que je porte me brûle Je ne peux me l’ôter du corps
Avec cette chanson qui figure sur l’album ‘D’ amour et de mots’, Anne Sylvestre d’une certaine façon se réconcilie avec le passé. L’outil chanson est un outil thérapeutique aussi bien pour la personne qui chante que pour la personne qui reçoit. Une chanson peut guérir.
Anne Sylvestre écrivait ses chansons et disait souvent avoir le rôle d’un écrivain public. Dans ‘Ecrire pour ne pas mourir’, une véritable profession de foi, elle chante à quel point l’écriture la sauve. L’occasion pour nous de rappeler une méthode de base : quand vous êtes confrontés à quelque chose de dur, violent, tordu et que vous n’êtes pas sûr dans l’immédiat de trouver quelqu’un pour vous écouter, ne serait-ce que vous écouter, écrivez-le. La formulation, même bancale, de l’expérience, peut apaiser, permettre du recul. Il s’agit d’une étape.
La chanteuse évoquera la mémoire de son grand frère aîné pendant la seconde guerre mondiale (elle a perdu ses deux frères très tôt) dans ‘Le pont du Nord’ : ‘Nos frères disparus sont comme nos amours. Tant que l’on n’a pas vu leurs noms sur une pierre, on ne prend pas le deuil, on survit on espère, et malgré l’évidence, on les attends toujours’.
Anne Sylvestre est devenue une figure incontournable de la chanson à texte d’expression française, vendant des millions de disques et donnant des concerts mémorables dans le monde.
Elle a dépassé ses propres douleurs avec l’Art et a aidé des millions de gens à vivre grâce à son chemin de mots. Il aura fallu son départ pour que la société française réalise cela. Il n’est jamais trop tard.
Nos maux deviennent nos mots d’où l’importance de s’exprimer dans le respect de soi vers l’autre.
La rédaction
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Qu’est-ce que nous entendons par l’estime de Soi ? En effet, j’ai déjà eu dans ce parcours de développement personnel suite à mon burnout sur la période 2009-2010, des réflexions du type :
c’est narcissique
c’est égoïste
c’est ne pas penser aux autres
etc.
Tout cela de mon point vue et de mes expériences, ce sont des croyances limitantes. Car dans le fond, nous nous mentons littéralement à nous-même. Il y a rien de plus destructeur qu’une mauvaise estime de soi. Il serait « bien vu » de ne penser qu’aux autres car penser à Soi serait égoïste. Nous avons créé une société à l’inverse du partage et de la bienveillance.
Nous avons créé une société qui crie son droit à l’individualité.
Cela crie dans tous les sens :
« MOI AUSSI J’AI AUTANT DE VALEUR QUE LUI OU ELLE ! «
Oui, nous avons besoin d’individus qui reconnaissent leur propre valeur.
De mon point vue, un individu « adulte » c’est-à-dire créateur, est une personne émotionnellement et mentalement autonome. C’est un être qui a trouvé son rôle et qui ne dépend nullement de l’amour des autres pour avoir envie de créer et développer notre société. Car il se sent exister et vivre et c’est cela l’Amour, donc il le partage naturellement. Adulte : C’est simplement un individu créateur qui est conscient et se sent responsable de sa vie dans le partage vers les autres. Oui, pourquoi nous voudrions créer des choses que nous voudrions même pas utiliser ou explorer par nous-même dans notre vie ? Surtout que nous avons tous les mêmes besoins de manger, explorer et partager nos expériences dans le respect de Soi vers l’autre.
Alors c’est quoi cette croyance limitante planétaire qui nous plombe les ailes littéralement ! De ce que je ressens et de mes expériences personnelles, c’est ce fameux « supérieur » et « inferieur » . Littéralement, nous avons été éduqués dans nos sociétés avec la croyance limitante qu’ il y a des rôles meilleurs que les autres. C’est-à-dire des personnes qui seraient supérieures et plus dignes de vivre que les autres. Oui, nous en sommes encore là ! Regardons ensemble, c’est un fait qui a été mis clairement en lumière avec cette crise sanitaire du COVID-19. Il y aurait des personnes essentielles et d’autre non ! De mon point vue et de tout mon cœur, tout le monde est essentiel à créer notre société sur notre terre. Quand on me demande mes origines, je commence toujours par » je suis terrienne ».
Alors oui, tous les rôles sont essentiels ainsi que tous les êtres qui peuplent notre Terre. C’est ce que j’ai écris dans le guide universel de développement personnel ‘Un Sens à Soi’. »Nous sommes parents par nos exemples » L’égo dont nous entendons parler dans beaucoup de techniques de développement personnel, n’est aucunement quelque chose à combattre ou à tuer. J’ai essayé : il revient encore plus fort sous toutes les formes et toutes les couleurs là ou nous ne nous y attendons pas, dans toutes nos activités de vie.
Rappel sur la définition établi dans notre société de l’égo :L’ego (ou égo, d’après les rectifications orthographiques de 1990) désigne la représentation et la conscience que l’on a de soi-même. Il est considéré soit comme le fondement de la personnalité (notamment en psychologie) soit comme une entrave à notre développement personnel (notamment en spiritualité). C’est un substantif tiré du pronom personnel latin et grec « ego » signifiant « moi » ou « je ». Pour un certain nombre de courants spirituels, l’ego est la représentation fausse qu’un individu se fait de lui-même. Cette représentation fait écran à la vraie nature de l’homme.
Oui, l’égo doit évoluer en EGAUX. C’est-à-dire dans le sens de se sentir créateur de sa vie sans jugement de valeur de nous-même vers l’autre ou, tout simplement, que tous les rôles sont essentiels car nous sommes de même valeur. Comme le disait Gandhi,« Devenez le changement que vous voulez voir dans ce Monde » Alors créons pas à pas cette estime de nous-même, c’est-à-dire celle qui nous dit je suis à ma place et je suis créateur de ma vie.Comment évaluer votre estime de Soi, vous trouverez le Test gratuit – Echelle d’estime de Soi de Rosenberg sur ce lien : https://www.unsensasoi.com/le-livre, dans l’album gratuit sur le deuxième Titre.
Ou sur ce lien Youtube :
Nous sommes tous essentiels, nous sommes tous des pépites de diamant ou d’or qui demandent à être créée et modelée par les expériences de nos en-vies et de nos rêves..
Est-ce que l’humanité est prête à changer de paradigme et à trouver la Paix et l’exploration de la vie « normale », sans se considérer supérieure à sa propre Nature ou à quelqu’un…
Je nous dis : à nous de jouer… en commençant à jouer avec nous-même !
Merci pour votre lecture.
Adeline PETIT,
Auteur et conférencière en développement personnel
Mouvelife est un blog dynamique en pleine expansion et c’est grâce à vous, merci. Vous pouvez faire un geste en nous soutenant financièrement sur Tipee : https://fr.tipeee.com/mouvelife
La comédienne et réalisatrice Sonia Derory a accepté de parler résilience avec nous. Atteinte de nanisme, il serait fou de la réduire à cette caractéristique. Chaque personne est complexe. Femme de défis, ceux qui ont une bonne mémoire l’auront vue en gardienne de foot dans un sketch de Groland, d’autres se souviennent d’elle dans le rôle d’une sorcière dans ‘Macbeth’ au Théâtre Montmartre Galabru. Elle a mis en scène toute une galerie de personnages dans les sketchs de la ‘Tribu s’emmêle’ pendant le confinement.
Les artistes qui ont travaillé avec elle sont unanimes, elle est une battante. Pour Cécile Goguely, la voix-off des sketchs de la ‘Tribu s’emmêle’ ‘Sonia est une battante, une femme qui avance, avec qui on ne s’ennuie pas. Avec elle c’est la garantie de ne pas s’ennuyer, ce qui est important, surtout avec la période qu’on vient de traverser, ce sont des gens comme elle qui te tirent la tête hors de l’eau par leur énergie’. ‘Récemment, elle organisait un pot avec les comédiens de la Tribu dans le quinzième arrondissement. Je l’observais, elle était impériale ‘malgré’ sa taille, elle a une véritable aura’ nous a confié le chanteur Jann Halexander. La comédienne apparaît également dans le dernier clip de Samarya en extraterrestre. Pour la chanteuse ‘C’est une personne que je respecte énormément, une très belle femme. Sa gentillesse, sa force féminine, son courage forcent l’admiration.’ Pour Claudio Zaretti, compositeur de l’hymne de la ‘Tribu s’emmêle’, elle est combattante et espiègle.
Merci Sonia Derory d’accepter cet entretien avec Mouvelife. vous êtes comédienne, réalisatrice, vous faites partie dans le milieu culturel des révélations durant la période de confinement. Une simple question, si vous dit ‘résilience’, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
Faire au mieux avec ce qu’on est.
Pas avec ce qu’on a ?
Ce qu’on a, ça peut disparaître. Ce qu’on est, c’est pour l’éternité.
Plus jeune, vous ne deviez pas avoir beaucoup de références dans les médias, le monde du cinéma, du théâtre. Qu’est-ce qui vous a donné cette impulsion ‘mais moi aussi je peux être sur une scène, moi aussi je peux être dans film’ malgré cette société très formatée où il est difficile de se faire une place ?
Dans le milieu du cinéma, de la télévision Mimie Mathy est passée avant moi. Elle a été la référence. Je ne connais pas la vie avant elle. On m’appelait Mimie Mathy parfois, ce qui était agréable pour vanter mes qualités de comédienne, même gamine car j’ai commencé le théâtre gamine, mais c’était parfois un peu lourd à porter, on me voyait à à travers cette référence alors que je ne suis pas Mimie Mathy, je suis Sonia Derory, je suis moi. Je me suis pourquoi pas moi. elle y est arrivée, pourquoi pas moi. Surtout avec un profil comme le mien. Une personne de petite taille, aux cheveux frisés. J’ai commencé le théâtre en primaire. Et puis au collège, c’était la révélation, je faisais du cirque, du théâtre et là on m’appelait Mimie Mathy, le directeur de la colo m’appelait Mimie Mathy, c’était flatteur. Mais j’étais pris entre deux eaux, la nécessité d’avoir un métier pour assurer le quotidien et ce rêve de devenir comédienne.
J’ai choisi une voie au lycée pour me permettre d’assurer le quotidien, chargée de communication, qui est mon métier et que j’aime. Mais j’avais toujours ce rêve d’être comédienne, c’était une façon de m’extraire de la réalité en inventant plusieurs personnages, puis je prends plaisir à jouer. Jouer de cette expressivité que j’avais depuis gamine, de cet aspect créatif en moi. Quand j’étais gamine, je bricolais beaucoup. combien de fois j’ai fait sauter les plombs chez mes parents. Quand on ne branche pas le bon ampère, enfin bref on ne va pas s’attarder là-dessus mais j’étais comme une cocotte-minute, avec le feu qui frémissait. La période de confinement a été le moment pour faire jaillir cette créativité. Et ça a donné ‘La tribu s’emmêle’.
Peut-on parler d’une triple résilience, c’est-à-dire : de couleur, naine, comédienne ? Comment on intègre ces expériences dans la société française ?
J’ajouterai femme, naine, adoptée, de milieu populaire. En fait, on se dit ‘si ça m’est tombé sur la gueule’, ce n’est pas par hasard, c’est qu’il faut que je fasse quelque chose ?
Donc vous croyez à une forme de réincarnation, vous faites partie du courant anthroposophe ?
(éclats de rire) La réincarnation, on m’en a parlé, ça m’a souvent fait sourire. Je ne me suis jamais imaginé ça mais si tu es là avec tout ça, tu dois en faire quelque chose.
Mais qui aurait décidé ça ?
Ah je ne sais pas.
Vous êtes agnostique, athée ?
Non j’ai reçu une éducation catholique, je crois en Dieu mais je ne me reconnais pas forcément dans la pratique catholique. Je suis déiste. Je me suis dit si tu arrives à survivre à tout ça, à arriver à l’âge adulte pas trop mal en point, c’est que tu as quelque chose à faire de ça, pas que pour toi, mais pour d’autres. J’en ai pris conscience très tôt quand j’ai vu les gens projeter sur moi leurs peurs et leurs espoirs. Leurs peurs de ce qu’ils auraient pu être, eux ou leurs enfants, car le nanisme est une maladie génétique, parfois héréditaire, parfois pas. Et leurs espoirs quand ils me voient en disant ‘ah, elle peut s’en sortir avec tout ce qu’elle est, donc finalement moi et mes problèmes c’est secondaire’. J’aime pas du tout quand on compare alors toi t’as une jambe et toi t’es aveugle, qu’est-ce qui est plus grave : on vit chacun dans sa condition, avec ses problématiques au quotidien et on gère au mieux. Je n’aime pas quand on dit à quelqu’un si tu étais né pendant la guerre, dieu sait ce que tu aurais vécu ! Non, on fait avec l’instant présent, on essaye de vivre au mieux.
Ce qui m’a donné espoir, c’est quand dans les associations d’adoptés, des personnes venaient me voir et me disaient : Ce que tu as dit a été éclairant. En fait je n’avais pas dit grand-chose, j’avais juste fait part de mon expérience et de ce que j’en avais tiré. Si je suis utile par rapport à ça, si le fait que je sois cumularde en diversité sert à d’autres et bien c’est que mon destin était d’être qui je suis.
Oui mais des fois est-ce que vous n’avez pas envie simplement d’être superficielle, de pas vous poser toutes ces questions et de pas faire œuvre de sagesse en transmettant votre expérience à des gens….
Ah mais je le suis parfois !
Ouf ! Vous regardez la télé-réalité ?
Non mais j’achète des choses inutiles sur internet.
Sur Ali Baba ?
Non sur Amazon. Amazon sait ce que je vais acheter, avant même que je le pense.
Et ça ce n’est pas Dieu ?
Presque. Il y a Dieu et Amazon à côté. (silence) En fait quand j’étais gamine, dans les moments difficiles, je me disais ‘ça ira mieux demain, ça ne pourra pas être pire demain’. Et pour devenir comédienne, je me suis posée deux questions, j’avais 28 ans. J’avais recherché mes origines, j’avais rencontré mes deux parents biologiques, on n’avait pas gardé contact pour des raisons qui leur importent et je me suis dit : ‘Si tu devais mourir demain, qu’est-ce que tu regretterais de ne pas avoir essayé de faire?’ et ‘Demain, si tu es à la retraite, qu’est-ce que tu aurais envie de faire’ et une troisième question aussi ‘Si tous les champs du possible étaient ouverts, qu’est-ce que tu ferais?’ La réponse à tout ça a été comédienne. Très jeune, j’ai pensé à la retraite, ayant des parents un peu plus âgés que la moyenne. Ce qu’on fait aujourd’hui détermine finalement ce qu’on va faire à la retraite. J’entendais tellement de personnes autour de moi dire ‘je profiterai de la vie quand je serai à la retraite’ : ça me déprimait. On profitera donc de la vie quand on sera malade, statistiquement j’ai lu quelque part que les problèmes de santé commencent à 62 ans, en étant handicapée, moi je peux avoir la retraite un peu plus tôt, mais si je peux l’avoir un peu plus tôt, c’est que statistiquement je vais peut-être crever un peu plus tôt que la moyenne. Je vis, je vais travailler pour espérer profiter de la vie dix, quinze ans à la retraite. Flippant. J’avais 29 ans, à Clermont-Ferrand, j’avais mis un peu de sous de côté, je n’avais pas de conjoint, j’avais un appart que je pouvais lâcher. Je suis montée à 30 ans à Paris. La ville de tous les possibles. Ville cosmopolite. D’être invisible et à la fois visible pour ce que je voulais et pas ce qu’on projetait sur moi.
A Paris c’est possible ?
Oui. J’aime Paris. Pour sa diversité culturelle, sociale. Il faut avoir pris la rue de Rivoli avec moi pour comprendre ce que signifie le regard des gens. Ce n’est pas la campagne. C’est très différent. A Paris je suis tranquille. C’est compliqué de s’assumer soi, encore plus compliqué de s’assumer à travers le regard de l’autre. Ça m’est arrivé d’être dans des situations de danger immédiat, une fois je m’étais coincé le pied dans le métro, quelqu’un qui m’a attrapé, dans ces situations, il y a toujours quelqu’un qui m’a aidé. Les premiers temps où j’étais à Paris, j’étais souvent avec ma carte, le nombre de fois où on m’a proposé de l’aide…
Pour anecdote, un jour je vais dans un parc parisien, c’était avant que j’habite à Paris, je vois une ribambelle d’enfants arriver, une classe, et là je me dis ‘ça y est c’est pour moi, allons-y’ parce que vous savez comment sont les enfants avec leurs remarques spontanées, ce n’est pas forcément méchant mais imaginez ça trois fois par jour et c’est un peu fatiguant. Et là, la rangée de la classe passe, pas un mot, juste le regardqui décroche, et là je me suis dit ‘rien que pour ça je veux vivre à Paris’. Alors oui on va me dire ‘tu t’en fous du regard des autres’, je dis ‘viens te balader avec moi rue de Rivoli et on en reparle’ (éclats de rire) J’aime cette ville. Je souffle de ce côté-là.
Est-ce que ce ne serait pas la même chose dans des grandes villes comme Lyon, Lille, Marseille ?
Je ne sais pas, je n’y ai jamais vécu. Oui si Lyon, j’y suis allée, c’est un peu pareil.
Et à l’étranger, vous avez eu l’occasion d’y aller ?
Non, pas du tout, j’ai très peu voyagé. Je viens de la campagne. Je suis passée d’une petite ville vers Saint-Etienne puis Clermont-Ferrand puis Paris. Je suis contente parce que dans la petite ville où j’ai vécu, des migrants de tous les horizons viennent d’arriver, ça va apporter de l’ouverture à l’autre. Le manque de diversité suscite la peur, pas forcément du rejet, juste de la peur.
Vous pensez que les migrants seront plus ouverts d’esprit ?
C’est plutôt les locaux qui vont avoir une ouverture culturelle. Bon il y avait déjà des gens d’origine étrangère mais les migrants apportent une ouverture sur le monde et une vision différente sur la France. A Paris on peut rencontrer des personnes de tous horizons. Moi plus jeune j’étais la seule naine dans ma ville. Avec Mimie Mathy comme seule référence. Voilà, fallait vivre avec.
En parlant du regard de l’autre, qu’en est-il de l’amour et de l’amitié ?
Vaste question. C’est moi qui me créé mes propres freins avec l’idée de l’image que l’autre se fait de moi peut-être parfois par un conditionnement lié à l’éducation…des fois on me disait ‘On t’accepte bien parce que tu es naine’. Non j’étais juste moi. Après au sujet du rejet, quand on est bien dans sa peau, la question du handicap ne se pose plus. Être bien dans sa peau permet d’être bien avec les autres. Mon principal obstacle c’est moi-même.
Vous avez vécu de belles amitiés, de belles histoires d’amour ?
De très belles amitiés, oui, pour les histoires d’amour, je les garde pour moi.
Vous avez rencontré vos parents biologiques ?
Oui je les ai rencontrés. Il y a une dizaine d’années. Je sais qui ils sont exactement. Je sais d’où je viens, je sais à qui je ressemble. Mais les destins séparés à un moment donné finalement n’ont plus rien à partager dans l’avenir. C’est trop éloigné.
Vous le regrettez ?
Non. C’est la vie. Comme on dit dans ma culture d’origine, si on peut dire ça comme ça, ‘El mektoub’, c’était écrit.
Aller dans la région d’origine de vos parents de naissance c’est un projet ?
Oui, j’aimerais bien. C’est pas quelque chose qui m’est indispensable aujourd’hui mais pourquoi pas.
Et bien merci à vous Sonia Derory pour cet échange passionnant, très fort, très émouvant, important. Votre philosophie de vie vous honore.
Merci
***
Retrouvez ici aussi son interview au sujet de la ‘Tribu s’emmêle’ ici
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Ce thème du goût est quelque chose qui me touche particulièrement car j’ai moi-même eu des troubles alimentaires de type boulimie. Jusqu’à en faire une surdose lors de mon burnout sur la période 2009-2010, c’est là que j’ai accumulé plus de quarante kilogrammes en l’espace de quatorze mois. Factuellement ce n’est pas parce que je ne mangeais pas équilibré puisque j’ai grandi avec une mère dans l’hyper-contrôle de l’alimentation dite saine. J’ai appris par la suite que c’est même considéré comme une maladie, orthorexie. Ce qui à joué dans le déséquilibre c’est que j’ai grandi dans un schéma d’humiliation de la petite fille que j’étais, un schéma familial et planétaire à des degrés différents partout. Avec du recul, je sais que manger « sainement » ne se trouve pas que dans l’assiette.
En effet, se nourrir c’est aussi alimenter son esprit et son âme.
Toutes les lignes qui suivent sont des constats et des observations sur 10 ans de remise en équilibre, je suis actuellement moi-même dans une phase de stabilisation corps et esprit.
Car avec du recul, il est évident que nous mangeons en fonction de notre état d’être ou encore en fonction de la conscience et de l’estime que nous avons de nous-même, en plus de nos besoins physiologiques. En observant mes expériences et ce qui m’a été enseigné, je constate que nous ne sommes qu’au début de cette compréhension. C’est pour cela que j’ai écrit fin 2018 le livre Un Sens à Soi, comment être en équilibre dans une monde en déséquilibre ? Car il était évident que la partie le plus touchée par le déséquilibre était la perception de moi-même à travers les filtres, les illusions, les croyances de notre monde.
En effet, cela ne veut pas dire qu’une personne qui a une apparence dite de corps sain est saine d’esprit. C’est ce que j’ai constaté avec le diktat de la minceur et aussi par l’expérience d’une amie qui a vécu l’inverse de la mienne, c’est-à-dire l’anorexie.
Un corps sain est l’esprit en mouvement et en équilibre dans la création de sa vie. Exemple « extrême » : une personne en fauteuil roulant peut faire du sport et réaliser ses rêves à sa manière avec les outils dont elle dispose, si elle a en elle la motivation de réaliser ses rêves et qu’elle est entourée de personnes bienveillantes qui l’aiment dès sa naissance pour ce qu’elle est et non pour une apparence, un statut, etc. C’est comme cela qu’elle apprendra à s’aimer et à aimer créer sa vie et le transmettra de génération en génération. Car elle sera l’exemple même de l’amour.
Voilà ce que j’ai observé sur le lien goût et état d’esprit. Ce qui explique pourquoi nous avons tendance à trop manger sucré, salé, etc. En effet, j’ai eu dans mon parcours professionnel la gestion d’un laboratoire d’analyse sensorielle pendant deux ans. Le goût des aliments reflète notre état d’esprit mais aussi nous permet de détecter un aliment moisi d’un aliment sain à notre consommation.
Mais quand vous avez une estime de vous au ras des pâquerettes et que l’on ne vous a pas appris à la construire et la créer dans tous les instants présents de votre vie., vous aller directement à la chose la plus simple et naturelle en soi, vous mangez trop ou vous arrêtez de vous alimenter, cela à des degrés différents selon votre perception de vous-même et du monde.
Voici un tableau récapitulatif sur le lien goût et schéma émotionnel qui évoluera certainement en fonction de mes futures expériences sur le sujet, et peut-être un autre livre sur le sujet.
Comme le disait mon médecin, tu as le droit de manger de tout Adeline. Seule la quantité dont tu as besoin est importante et j’ajouterai en fonction aussi du besoin que l’on n’arrive pas à exprimer. Mais aussi de manger en fonction de sa conscience vis-à-vis des animaux que l’on consomme. C’est-à-dire en les respectant eux et leurs souffrances.
Voilà, j’en suis là sur mes expériences d’équilibre esprit et corps.
C’est une aventure de tous les jours d’apprendre à se connaître.
Comme le disait Descartes, « Connaîs toi-même et tu accéderas à tous les secrets de l’univers ».
Cette phrase est vraie et toutes les expériences de nos vies nous guident, quand nous acceptons la sagesse et l’expérience de nos connaissances. Ce que l’on appelle être aligné corps-mots-esprit.
Cela passe aussi par comment nous nourrissons notre conscience à travers l’alimentation.
L’art de manger en conscience est à ses premiers gazouilles !
Le pardon est une part que l’on se donne à soi. Un don que l’on nous a « volé » par ce principe d’infériorité ou de supériorité.
C’est ce que j’ai expérimenté à travers une jeunesse dépourvue de valorisation et d’amour inconditionnel. Je me suis pardonnée étant jeune d’avoir écouté la parole et les actions #saintes de mes parents. Car petit à petit j’ai retrouvé ma souveraineté, c’est-à-dire mon estime de soi.
Le pardon est devenu complet et la guérison s’est enclenchée quand j’ai osé être moi-même, face à mes parents, qui on reproduit les défauts de leur éducation parce qu’ils n’avaient que ces outils à l’époque. C’est vraiment vers l’âge de 15 ans que j’ai changé ma façon de communiquer et d’agir.
Je leur ai parlés avec respect et j’ai fait remarquer que cela devait être réciproque. Ce n’est pas parce qu’ils sont mes parents qu’ils ont l’autorisation de me parler et d’agir sans respect à mon égard.
Évidemment, il a fallu du temps et de la patience avec eux. Mais cela en valait la peine… même si je ne peux pas reconstruire leur propre estime d’eux même. Car après tout ils sont créateurs de leur vie et de leur être.
Nos relations se sont apaisées et une #bienveillance se construit.
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En ce début de week-end, nous proposons un retour en arrière. Une autre époque, un autre monde. Nous avons choisi un épisode touchant de la célèbre série ‘Maguy’. Cette série culte française (adaptation de la série ‘Maud’, USA) a duré de 1985 à 1993, 333 épisodes de 26 minutes.
On observe une tendance chez trop de gens à faire croire que ‘avant’ n’existe plus à cause du coronavirus. Rien n’est plus faux. Avant existe toujours, ce passé ne saurait être oublié, ne peut être oublié, il est important pour notre construction mentale et influe sur notre capacité à agir dans le présent qui déjà n’existe plus, donc sur le futur. Le grand confinement appartiendra au passé mais cet événement ne saurait effacer les autres passés. ‘Maguy’ c’était une certaine France, celle des HLM qui se multiplient et qui apprécie de voire un couple dans une belle maison.
Une France qui n’a pas de fascination particulière pour les années fric, qui a ses peurs : sida, guerre du Golfe à l’horizon, montée du chômage. Une France qui doit trouver sa place dans un monde qui change de manière accélérée avec la chute du Mur de Berlin qui acte la fin de la Guerre Froide. Il s’en passe des choses dans ce monde d’alors. Et ‘Maguy’ pour des millions de français (jusqu’à 7 millions de téléspectateurs certains soirs) constitue une sorte de repère réconfortant.
La chanteuse Cécile Goguely s’en souvient : ‘Dimanche soir après être revenue de chez mes grands parents paternels, à Lyon, j’arrivais chez mes parents. Je prenais mon bain et après le bain j’avais le droit de regarder Maguy. je n’avais pas le droit de regarder beaucoup de choses, c’était l’un des rares trucs que j’avais le droit de regarder. J’adorais le générique. J’avais entre 8 et 10 ans. C’était un programme familial. Je devais rigoler, je m’ennuyais un peu chez mes grands-parents, j’étais fille unique, le dimanche en journée je le passais avec eux, je m’ennuyais. Le soir cette épisode captivait mon attention. Je me souviens du maire du Vésinet.
Quand je suis arrivée plus tard à Paris, j’ai donné des cours de français à des enfants privilégiés, je suis allée au Vésinet et j’ai repensé à Maguy, au personnage de M.Cruchon le maire du Vézinet où elle habite. Maguy était une série qui avait quelque chose de très familier. C’était un moment de regroupement familial.’Les temps passent, les modes aussi.
Le succès, la notoriété sont relatifs. Mais l’impact des œuvres culturelles dans le quotidien des gens est réel, essentiel et on aurait tort de l’oublier, de balayer cela. Beaucoup de choses changeront certes avec la crise que nous traversons. Mais ne faisons pas la promotion hâtive de cette expression ‘il y aura un avant et un après’ car on s’aperçoit qu’elle est parfois mal employée par ceux qui l’utilisent. Alors profitons des quelques épisodes qui circulent sur internet, dont celui-ci qui se moque (gentiment et c’est heureux) des extraterrestres et du monde scientifique (le docteur en prend pour son grade aussi), du plaisir de revoir l’incroyable Rosy Varte.
La rédaction
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Un sujet qui revenait souvent sur les lèvres pendant le confinement c’était la réouverture des restaurants. Après tout la France est un pays latin où on aime parler, boire et manger – et faire l’amour aussi. La fermeture des bars et des restaurants a créé un réel désarroi. Et le fait de faire de la cuisine maison ‘comme au restaurant’, ça va une fois, deux fois éventuellement, mais pas trois. Car, osons le dire, le plat le plus réussi chez soi n’aura jamais la valeur d’un plat banal dans un restaurant : il y a d’autres facteurs en jeu qui dépassent le plat en lui-même. La blogueuse française Chiraz Zapf, expatriée à Cologne en Allemagne nous raconte ses coups de cœur culinaires à travers l’Europe et son rapport au restaurant. Croyez-nous, ses propos font un bien fou à la rédaction de Mouvelife, nous espérons qu’il en sera de même pour vous !
‘Première photo prise à Vila Joya, restaurant 2 étoiles Michelin, installé sur un rocher avec une vue splendide sur l‘océan (Algarve, Portugal). Une gastronomie extraordinaire basée sur la générosité, la créativité, des ingrédients locaux et régionaux haut de gamme. Rarement expérimenté une table avec autant d‘amuse-bouches, des petites bouchées aux saveurs de la mer et de la terre, concoctés avec délicatesse et méticulosité
Nous aimons toujours nous y rendre pour le déjeuner pour profiter de la lumière et de la vue, imprenable sur l‘Atlantique. C’est mon restaurant préféré au monde, depuis au moins vingt ans, même avant les premières étoiles tombées de ce ciel fabuleux.
C’est un moment exquis de douceur, de calme, de partage avec les amis, la famille, dans un cadre magique, un panorama simplement incroyable, difficile de ne pas tomber amoureux de la Vila Joya et de son équipe toujours aux petits soins.’En savoir plus : http://www.vilajoya.com/
‘Ici un méli-mélo de légumes de saison, on est allé dans un bistrot, Anicia, rue du Cherche-Midi, c’était une découverte un peu extraordinaire, on n’avait pas du tout prévu d’aller là-bas, on avait entendu un peu parler de ce restaurant situé dans le quartier très hype de Sèvres-Babylone entre deux courses, on voulait s’asseoir, manger un truc sympa, on est arrivé dans un endroit assez bio, vert, qui représente le Puy de Dôme en France. On avait commandé cette assiette parmi d’autres, et franchement les couleurs, les différentes cuissons, certains légumes croquants, certains légumes moelleux, tout ça c’était une farandole de saisons et de couleurs et de goûts, ça nous avait bluffés. C’est un peu hors des sentiers battus, c’est pas dans les adresses du guide Michelin mais on avait passé un vrai beau moment. Rencontre avec le chef, François Gagnaire, qui nous avait parlé de son itinéraire chez les grands chefs et de son amour pour la nature et les produits authentiques. Sur cette photo les couleurs sont justes parfaites, entre le chemin de la nature et le chemin de la Vie.’En savoir plus : https://www.anicia-bistrot.com/
‘On garde le meilleur pour la fin avec cette photo prise à maiBeck FÜR DICH, à Cologne, couronné d‘une étoile gastronomique, depuis quelques années. C’est mon restaurant préféré à Cologne. On y retrouve tout ce qui rend une expérience culinaire, à mon avis, parfaite; des saveurs goûteuses en harmonie complète avec la Nature. Une équipe conviviale et aux petits soins. Une liste des vins toujours bien pensée et qui fait plaisir. Une ambiance animée- Une clientèle diversifiée et toujours une soirée remplie de souvenirs mémorables. Un seul hic! Toujours un défi d‘obtenir une table le samedi soir!
Ici on voit du maquereau mariné avec des légumes de saison, c’est hyper frais, goûteux, c’est addictif, moi j’aurais mangé que ça, à vrai dire! C‘est un établissement, tenu par Tobias Becker et Jan Maier, de jeunes chefs très talentueux, avec une carte de visite assez prestigieuse, utilisant des produits locaux et régionaux, en cuisinant des plats sans chichi. Ils s‘attèlent à ne travailler qu’avec des producteursqu’ils connaissent personnellement. Tous les produits, que ce soit légumes, fruits, fruits de mer, poisson, viande, ce ne sont que des fermiers, des agriculteurs avec qui ils ont déja un contact actif et dynamique, en Allemagne. C’est une gastronomie très ‘je-me-prends-en-main/ je-me-prends-en-charge’, en d‘autres termes, une cuisine moderne très‚ ecofriendly.
C’est un bonheur absolu d’aller chez eux. Merci Jan, Merci Tobias. Sans vous, je ne serais certainement pas restée une minute de plus à Cologne. La photo a été prise en mai 2019.’En savoir plus : https://www.maibeck.de/
‘J’aime aller au restaurant. Pour moi, dîner, déjeuner dans un endroit gastronomique avec de belles assiettes et un service attentionné, dans une ambiance que ce soit animée, romantique ou un joli décor, cela me fait toujours voyager. Que ce soit dans une gastronomie étrangère, que ce soit la créativité d’un chef, d’un cuistot, j’ai toujours l’impression de découvrir des nouvelles contrées, tous les sens sont en éveil, ce que je vois, ce que je mange, ce que j’entends, tout ce que je vis, cet éveil des sens me permet de me sentir en vie.
Pour moi aller au restaurant, c’est avoir cette impression d‘être vivant. Pendant le Corona, c’était difficile parce que cette crise nous a rendu anxieux et nous a retiré une partie de notre vie. Pour moi aller au resto, c’est y aller en famille avec des copains, des amis, ça m’arrive d’y aller toute seule mais ce n’est pas la même joie, c’est différent quand on regarde le plat des uns, des autres, quand on choisit une bouteille ensemble, quand on rit ensemble.
Parfois c’est aussi un moment de paresse. Je suis contente d’aller dans un restaurant pour découvrir une cuisine qui m’a permis de sortir et de faire autre chose que cuisiner parce que je n’avais pas le temps.
La cuisine au delà d’être la Vie, ce sont aussi des techniques, une inspiration pour moi. Quand je rentre chez moi, j’ai l’impression d’avoir appris quelque chose de nouveau, une technique, un nouvel ingrédient, une nouvelle combinaison de saveurs, d’épices ou d’herbes, je rentre chez moi avec de nouvelles idées et sans ça, je sens qu’il me manque quelque chose. Pendant les longues périodes où je ne vais pas au restaurant, je suis plus dans ma cuisine inspirée par mes souvenirs et ce que je vois sur instagram ou facebook mais une partie de moi a moins le sens vivant de la création, je me sens moins dynamique. Quand je vais au resto et que je cuisine en parallèle, je me sens toujours dynamique et enthousiaste.’
Nos remerciements les plus sincères à Chiraz qui parle avec émotion et profondeur du lien qui unit des millions de gens aux restaurants. Tout à l’heure, nous passions devant des terrasses vers Châtelet. C’était plein, c’était bruyant, c’était vivant, bref c’était beau. Espérons que nos sociétés n’aient plus à revivre avant des années, des siècles ce que l’on appelle ‘confinement’.
La rédaction
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Nous pourrions écrire tant de choses sur l’écrivaine Agnès Renaut, son écriture de qualité, son regard particulier sur le monde…mais nos mots seraient de trop…que votre lecture soit belle…
Le soi, le seul, le tous : crise sanitaire et prise de conscience salutaire ?
Agnès Renaut, écrivaine
Restez chez vous : l’injonction est formelle. Outre les « gestes barrières » qui soudainement imposent un écart entre soi et les autres, non seulement avec ceux de l’extérieur mais jusqu’au cercle privé, au cœur de l’intime, il faut garder ses distances. Retrouver ou trouver les frontières entre le soi et les autres, si proches puissent-ils être. Tout en mobilisant la solidarité…
L’actualité sanitaire mondiale nous jette brutalement dans un paradoxe : contre un ennemi commun, pour sauver le « tous », il faut être « seul ». Le sens habituel du collectif et de l’individualité s’effondre, la production économique est en péril, l’être consommateur s’affole, l’image familiale se fissure…
Qui est « l’ennemi » ?
« Nous sommes en guerre »… L’ennemi, c’est le coronavirus dit Covid-19, dont on peine à cerner l’origine, à prévoir l’évolution et l’issue. Et ses conséquences…
Face à cette créature microscopique qui défie les grandes pandémies historiques par record de temps et de mise à mal de l’économie mondiale… comment réprimer un élan d’admiration ? Voilà un « ennemi » d’une vélocité toute contemporaine et c’est la Nature, que l’on ne cesse de célébrer et d’altérer… qui l’a fabriqué.
En fait, n’est-ce pas nous, l’ennemi ? Piètres humains, éblouis par notre maîtrise technologique, comme si la Nature entière devait se soumettre à notre vouloir et nos besoins, nous croyons à une sorte d’éternité, comme si l’Univers n’attendait que nous et que nous serons là pour toujours… Mais l’espèce humaine n’a pas toujours existé et rien ne dit qu’elle existera toujours. La sublime Nature a éliminé des espèces bien plus coriaces que nous. Peut-être sommes-nous des dinosaures en voie de disparition et, s’il y a complot, ce pourrait être celui de la Nature, par sa puissance à générer et détruire des espèces… Et les nuisibles tels que les humains épuisent ses ressources et menacent son équilibre.
L’heure est venue de faire leçon d’humilité : non, la planète n’est pas un monde virtuel avec lequel on peut jouer avec une télécommande mais une force au-delà de nos limites, capable de nous exterminer, d’envoyer un grand coup de balai via un virus par exemple. La crise sanitaire pourrait induire une crise de conscience salutaire en pointant notre prétention au contrôle et au tout savoir.
Plutôt que se flageller pour insuffisance éco-climatique, tentons de nous décaler, juste un pas de côté, pour admirer la beauté de la Nature, qui n’est pas qu’esthétique : elle réside aussi dans sa puissance créatrice, et celle-ci peut tout autant nous pulvériser. Nous avons besoin de la planète pour exister mais la planète n’a pas besoin de nous pour exister. La Nature saura toujours trouver d’autres formes de vie… Evitons d’être plus longtemps son « ennemi ».
Etre seul avec les autres, être soi dans le monde
Mais l’ennemi prend aujourd’hui une acception inédite et ambivalente : si le terme a toujours revêtu une altérité hostile à combattre, voici qu’il désigne, par cercles concentriques resserrés, n’importe qui s’approchant de soi, proche ou pas – passant, voisin, famille – devenant proche potentiellement dangereux. A l’épicentre de ces ronds dans l’eau du péril, on se retrouve seul. Terrible condamnation !
Elle est loin derrière nous, l’ère où les ermites, ascètes, mystiques solitaires, non seulement respectés mais aussi admirés, dont on reconnaissait la place nécessaire dans la société. Elle est loin de nous malgré son influence, la culture orientale qui considère comme possible et normal le retrait en monastère pour tout un chacun, homme ou femme qui, après avoir rempli sa mission sociale (mariage, travail, enfants) se retire pour successivement trois jours, trois mois, trois ans, ou plus.
Autrefois et ailleurs, le retrait du monde s’accorde à la spiritualité. Non pas restrictivement au « religieux » mais à cette dimension, considérée par toutes les civilisations, comme aussi essentielle que la nourriture du corps : l’éveil de l’esprit. La présence indispensable d’un espace-temps dédié à la part invisible de l’humanité, au-delà de la nécessité et réduisant de ce fait le travail et la subsistance à sa vocation première : la part utile, pour vivre.
Dans tous les cas d’intégration du retrait dans la société même, cette présence du spirituel s’accompagne d’une prise en charge : moines mendiants nourris à l’aube par la population en Asie, moines occidentaux bénéficiant de la générosité de donateurs en complément de leur autarcie avant d’être contraints d’assurer eux-mêmes leur survie économique…
C’est que la société de consommation, dans son fonctionnement de masse, affinant la manipulation des besoins, supporte mal le spirituel sauf s’il favorise une production commerciale… mais accepte très bien de rejeter sur le bord, dans le caniveau, ceux qui ne peuvent pas suivre son impérialisme économique. Aussi la mise à l’écart, l’isolement (démunis, personnes âgées, entre autres populations fragiles) ne sont-ils que des avatars, des effets secondaires désolants qui confortent le système.
Mais le solitaire, le méditant, le penseur, le poète, l’artiste qui synthétise ces profils, où sont-ils ? Une entité microscopique conduit à reconsidérer la mécanique de nos vies : s’écarter les uns des autres pour retrouver peut-être le respect de l’autre, éprouver la valeur galvaudée et si peu appliquée de solidarité, découvrir l’intérêt de se poser, de ne plus tant travailler ni courir autant dans l’inutile…
Passée la frénésie acheteuse qui a révélé dans la crise la peur profonde du manque, peut-être un plus grand nombre d’humains oseront se poser sans chercher à systématiquement consommer et se distraire, peut-être de nouvelles habitudes d’entraide viendront s’insérer dans les verrous de nos craintes, peut-être viendrons-nous changer l’angle du regard… Pour enfin, modifier notre rapport au monde.
Le monde, nous et soi : une triangularité à réinventer. Dans une temporalité nouvelle imposée : au jour le jour. Pour vivre le temps présent, le seul qui existe.
DEA Lettres modernes Paris 7 : « Histoire et sémiologie du texte et de l’image ».
Bourse du CNL, Centre national du livre (2000).
Roman : Qu’as-tu fait de ta sœur ? Grasset (2000), Que has hecho de tu hermana ? Akal Ediciones (2001).
Nouvelles : « Entre terre et Cher, une saison d’entre-deux », Prix Concours littéraire francophone de la nouvelle George Sand 2016, Fragments, L’Harmattan (2017). « Les Yeux bandés », 2e Prix auteurs publiés CINAL, L’Autre beauté du monde, Ed. de la Loupe (2009). « La Sueur salée comme la mer », revue Encres vagabondes (1999).
Théâtre : « Sarabande » et autres textes, Le Bocal agité, éd. Gare au théâtre (1998).
Chansons : Moi qui rêve, musique J. Halexander, Ed. Lalouline (2013)… Lectures musicales (Magique, Angora).
Bien écrire au travail, collection Livres-Outils, Eyrolles (2011).
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