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Se sentir bien, qu’est-ce que cela veut dire ?

Anne-Cécile Makosso-Akendengué

Il n’y a pas de modèle. On ne se sent bien que si l’on est soi-même ce qui est beaucoup plus difficile qu’on ne croit. En effet on est souvent enclin à chercher des modèles. On aimerait suivre des modèles. En philosophie par exemple peut-on suivre un maître, si grand soit-il ? La philosophie cache bien des embûches. Le véritable épicurisme n’est pas simplement la recherche du plaisir mais avant tout la recherche de l’absence de douleur. Quant à Descartes, bien des siècles après, on le dit cartésien ( !) mais pourtant c’est un rêve qui a donné force à sa vocation de faire de la philosophie, de se consacrer à la vérité, un rêve qu’il fit dans la nuit du 10 novembre 1619. Rationaliste, Descartes ? Ou, bien sûr, mais… Plus proche de nous Sartre nous parle de liberté. Mais la liberté de Sartre n’est pas facile, loin de là. Elle est d’abord responsabilité. Etre responsable c’est pouvoir (et devoir) répondre de ses actes, et ne pas en faire porter la responsabilité aux autres, proches ou lointains, connus et inconnus.

Les idées des autres peuvent-elles coïncider avec les nôtres sur la manière dont nous devons vivre notre vie, non pas forcément pour être heureux (concept assez flou) mais pour être en accord avec nous-mêmes et pour ne pas nous ronger de regrets. La réponse est non et l’enjeu est de taille et arriver à cet accord est formidable.

Si vous y ajoutez la liberté (sans sa lourdeur sartrienne)qui consiste non pas à faire ce qu’on veut mais plutôt à être dans nos actes et nos pensées en harmonie avec nous-mêmes et les autres alors vous n’avez plus de soucis à vous faire : vous savez où réside le bien-être, toujours en chemin vers le mieux être, l’idéal qui donne du goût à la vie.

Vous vous sentirez bien.

Anne-Cécile Makosso-Akendengué

Anne-Cécile Makosso-Akendengué est dessinatrice et écrivaine. On lui doit notamment le récit ‘Ceci n’est pas l’Afrique’, paru en 2009 chez l’Harmattan, sur les tribulations d’une femme française au Gabon.

Anne-Cécile Makosso-Akendengué
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La force de vivre avec le chanteur FHOM – Entretien

On lui doit de belles chansons dont les titres sont révélateurs : ‘Ton paradis’, ‘Magique’, ‘Marche Intérieure’. Depuis plusieurs mois, il alterne deux spectacles au Théâtre de l’Île Saint-Louis, un lieu irréel, troublant, où nous avions déjà vu Catherine Braslavsky et feu Joseph Rowe dans le spectacle ‘Ave Eva’. Deux spectacles donc : le premier spectacle, plus ancien ‘Lignes de Vie’ et le second, plus récent ‘Felicita’. Et la vie et la joie ne sont pas des mots creux chez FHOM, qui a accepté de répondre aux questions de Mouvelife.

. Merci FHOM de nous accorder cet entretien. Est-ce vraiment raisonnable de chanter dans cette ambiance générale entre covid et troisième guerre mondiale en gestation ?

Oui il est follement raisonnable de chanter et de donner des concerts dans cette ambiance rendue délétère par celles et ceux qui gouvernent l’opinion ; – Bien sûr le virus est réel (naturel ou fabriqué) ; Bien sûr l’intervention russe en Ukraine est réelle (justifiée ou non)

Pourquoi ? Simplement parce que l’art en général, la musique ici, sont des divertissements au sens originel du mot, c’est à dire que leur contemplation, leur écoute nous divertit, détourne notre esprit, notre attention des vicissitudes présentes pour voguer plus légers et libres dans un autre présent suggéré par ces œuvres et de ce fait pour vivre mieux.

. Evidemment, notre premier question était provocatrice. Vous dîtes que ‘magique est le moment de la mort’ dans votre chanson ‘Magique’, est-ce à dire que vous n’avez pas peur de la mort ? Car plus que jamais elle suscite les pires angoisses chez des milliards de gens

Ai-je peur de la mort ? je ne le pense pas car elle semble être un état stable et obligé. Ai-je peur de mourir ? Plus certainement car c’est un passage qui peut-être long et douloureux ; Je me plais à penser que pour moi mourir sera instantané et indolore.

. D’aucuns disent que le concept de résilience mis en avant par Boris Cyrulnik est un concept fumeux, qu’en pensez-vous ?

Depuis la nuit des temps, les humains ont surmonté adversité et traumatismes ; ils ne savaient pas qu’ils étaient « résilients » pourtant ils ont cru en eux, à des lendemains plus doux, plus lumineux. Donc ce concept de résilience -emprunté par B. Cyrulnik aux universitaires américains- exprime un processus rapide ou lent, douloureux ou exaltant, au cours duquel notre esprit, malmené par un événement déstabilisant, construit son nouvel équilibre ; Cette construction est souvent salutaire mais parfois si difficile à réaliser qu’elle plonge la personne dans une dépression profonde et durable.

C’est un concept utile mais en lui-même pas miraculeux… il permet de mettre un nom sur un processus.

. Vous alternez deux spectacles, différents dans la forme, n’est-ce pas risqué ?

Créer, agir, c’est prendre des risques ; ne rien faire c’est souvent en prendre de plus grands. Ces 2 spectacles « Lignes de Vie » et « Félicita » s’adressent, le premier « Lignes de Vie » à la part de nous qui se pose des questions existentielles sans en être prisonnier, le second « félicita » à la part de nous qui désire danser ses états d’âme….sur des rythmes latins. Ils proposent donc 2 divertissements différents et complémentaires mais tous 2 légers et joyeux.

. Au final, le chant est-il vraiment essentiel ?

Oui chanter est essentiel – en tous cas pour moi qui étais dans les bras de mon arrière-grand-mère lorsque qu’elle est morte alors qu’elle me chantait une chanson- Ne m’aurait-elle pas transmis ce souffle de l’âme par les vibrations essentielles de la voix chantée ?

FHOM = Femme Homme et OM (mantra tibétain qui veut exprimer la vibration essentielle du vivant )

Merci !

Prochain concert de FHOM : 26 mars 2022 au Théâtre de l’Île Saint-Louis, Paris, 21h.

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