Interview

Interview fleuve de DO -« Une vie banale » entre anorexie, rejet et perte de l’estime de Soi. 

Do

Une société c’est 1+1+1+1+1+1+1+1…autant de parcours variés et quand on gratte on s’aperçoit même que des gens qui mènent une vie banale n’ont rien de banal. Nous n’avons pas voulu interviewer une rescapée de la guerre, un survivant d’une catastrophe naturelle, une personne autrefois battue, violée. Une vie peut être riche (et riche d’obstacles) sans avoir forcément vécu des traumatismes tels que ceux causés par ce que nous venons de citer. Et si nous avons parfois le sentiment d’avoir des vies monotones (comme le chantait Gérard Manset en 1984) il n’en est rien en réalité. Un système peut-être monotone, pas nos vies, pas la Vie.


Nous nous sommes entretenus avec une internaute dont jusque là nous ne savions rien. Ce sont quelques échanges en off sur Facebook qui nous ont conduit à cet entretien ci-dessous. Que Do (c’est ainsi qu’elle veut qu’on l’appelle) en soit remerciée. Son témoignage n’a rien de fondamentalement « extraordinaire » mais il parlera à tous.  Et pourtant ! Il est important et peut aider ceux et celles qui nous lisent. Car une femme qui se reconstruit et assume de vivre nous apprend forcément quelque chose.

Do, merci d’avoir accepté cet entretien avec Mouvelife

Merci c’est moi

Vous visitez souvent notre site ?

De temps en temps, il faut que ça me parle

Et on si vous dit ‘résilience’, à quoi vous pensez ?

C’est tout ce que j’ai vécu.

Et si on vous dit développement personnel ?


C’est ce que j’ai mis en place depuis deux ans, après un rencontre.

Vous avez la trentaine d’année, vous vivez à Compiègne ?

Oui, ça fait une dizaine d’année que je vis en Picardie. Avant je vivais dans le Val d’Oise et je suis partie de là-bas pour suivre mon ex-conjoint qui avait un poste en Picardie

Vous êtes partie en Picardie par amour ?

Oui on peut dire ça. C’était aussi pour fuir mes parents. Surtout.

Pourquoi ?

Je ne voulais plus vivre sous le même toit depuis de très nombreuses années.

C’était dû à une crise d’adolescence ou c’était quelque chose de bien plus profond ?

C’était bien plus profond, ça venait aussi de mon enfance, je me rejetais moi-même, j’avais des rapports conflictuels avec mon père, ma mère, ma sœur. Je me sentais étouffée par ma famille qui voulait toujours tout savoir sur tout, se permettait de juger le peu que j’arrivais à faire dans ma vie.

Comment vous expliquez leur attitude à votre égard ?

Avec le recul. Je réfléchis… J’étais la petite dernière, c’était inconsciemment pour eux celle qui allait s’occuper d’eux quand ils seraient vieux. Je crois qu’ils avaient peur que la petite dernière s’en aille et qu’ils se retrouvent seuls. Heureusement pour eux, très vite après mon départ, ils sont devenus grands-parents. L’attention s’est déplacée.

Mais vous parlez de difficultés  avec vos parents pendant l’enfance.

Mon père était peu présent dans mon enfance. Le travail, mais il était aussi très impliqué dans le domaine sportif. Il faisait du judo trois fois par semaine, il courrait. Il ne tenait pas en place, il ne tient toujours pas en place. J’étais petite, il partait à 6h, il revenait à 18h, du coup c’est surtout ma mère qui s’occupait de ma sœur et moi. Ma mère me rabaissait énormément, me disait que je n’arriverais à rien dans ma vie. 

C’est étonnant car dans les familles, les petites dernières ou les petits derniers sont souvent choyés, là c’est le contraire.

J’étais la petite de trop. Quand j’étais ado et que je me fâchais, je lui disais  » de toute façon tu ne m’as jamais voulu « , elle s’énervait et disait « Non, dis pas ça ». Il y a un an et demi, lors d’un repas dehors, elle a dit ouvertement que je n’étais pas désirée, que je suis arrivée comme un cheveu sur la soupe. Mais ce rejet m’a permis aussi plein de choses, j’a pris du recul. 

Et votre sœur ?

Ma sœur aînée, qui a trois ans de plus que moi, que j’ai toujours surnommée ma maman 2.

Une relation fusionnelle ?

Pas du tout. C’était conflictuel, il y avait toujours quelque chose à critiquer, la musique que j’écoutais etc. L’ordinateur était dans sa chambre, pour l’utiliser fallait que j’y aille en douce, ce qui m’a appris à faire les choses en douce. Plus tard, elle avait toujours un truc à dire concernant les copains de mon adolescence… c’était un environnement stressant, oppressant, les ados de mon âge sortaient, ils ont vécu leur adolescence à sortir, avec des copains, ils faisaient plein de trucs, moi j’étais enfermée dans ma chambre, dans mon monde, à regarder le ciel, regarder des films, à rêvasser comme disait ma mère. Mes parents avaient toujours un truc à dire sur tout ce que je faisais, ça  a laissé en moi des traces dans ma vie d’adulte.

Une famille engagée ? Quel était sa vision politique ?

Alors là c’était la famille tabou : on ne parlait jamais de politique, d’argent, de sexualité. Même les règles étaient taboues. Ma sœur et moi avons été baptisées. Mais ma sœur a fait la communion juste pour avoir les cadeaux, elle a avoué. Ma mère m’a demandé si je voulais faire aussi ma communion.  Chose que je n’ai pas fait. 

Mais alors vous parliez de quoi ?


Et bien, pas grand chose. Les voisins qui fon trop de bruit, les grand-parents car il y a eu beaucoup de conflits avec les grands-parents paternels. Il y avait l’école  les devoirs… ma mère qui me disait « c’ est important d’aller à l’école, pour avoir bon job, pas comme moi « . 

En 2021, où vous en êtes dans les relations avec votre famille ?

Je dirais que ça commence à aller mieux, notamment suite à ma séparation avec mon conjoint. Je me rejetais tellement que je les ai rejetés totalement. C’est étrange car à la fois je les rejetais et à la fois j’avais besoin d’eux dans ma vie. Je suis plus détendue avec mon père, c’est un grand blagueur, on arrive à discuter, rigoler. Ma mère est toujours en train de se plaindre. Ma sœur, ça s’améliore pas à pas. Oui vraiment la séparation avec mon conjoint m’a libéré. 

Mais vous avez eu votre part d’affection jeune ou adolescente ?

Très peu. (silence). Non. Ma sœur m’insultait plutôt qu’autre chose. Depuis toute gamine, quand j’avais 5, 6 ans, on passait devant un mac do quand on revenait de ma grand-mère , quand je demandais si on pouvait avoir  un mac do, mes parents disaient non, cinq minutes plus tard quand ma sœur  demandait si on pouvait avoir un mac do, mes parents disaient oui. Mes parents acceptaient tout pour elle.

Vous avez discuté plus tard de cette inégalité de traitement ?

Non. C’est pas le moment. Elle est trop ancrée dans la matière, le superficiel, le train-train quotidien. Mais je sais que dans quinez ou vingt ans on aura cette discussion. Quand on aura cette conversation, chacune de son côté aura avancé.  Je suis confiante. 

Avec votre conjoint, vous étiez pacsé ? C’était le premier amour de votre vie ?

On était pacsés. Mais le sentiment amoureux je l’ai eu très tôt, dès la maternelle. Avec l’amour inconditionnel comme les enfants en sont capables. Puis au collège et évidemment au lycée. A 17 ans, je suis resté avec quelqu’un pendant deux ans, il est parti voir ailleurs et en même temps, j’avais plutôt ressenti que c’était dû au frère plutôt qu’autre chose. C’est la personne qu’il a rencontré qui m’a dit sur skyblog  » je crois qu’on a le même mec ». Maintenant j’en rigole mais à l’époque, je ne rigolais pas du tout. 

Le conjoint que vous avez suivi, vous l’avez connu dans quelles circonstances et pourquoi l’avez vous suivi ? 

Je l’ai rencontré lorsque je cherchais un patron pour mon alternance, je suis rentré dans l’entreprise où il travaillait le mercredi et on est sorti ensemble le samedi, puis j’ai imité ma sœur, je l’ai suivi, il fallait trouver quelqu’un et s’installer. Je dois dire que quand j’ai eu mon bac, ma mère n’avait pas cru. J’ai eu mon bac avec mention, il a fallu que ce soit mon ex-conjoint qui lui confirme par téléphone, ce fut dur à vivre. Il y a eu une cassure et c’était le moment de partir pour moi, de quitter le climat familial et de suivre mon ami. Avec le schéma du rejet, je me dévalorisais tellement que je pensais que les études étaient impossibles pour moi. J’avais des crises d’angoisses, de l’anorexie. Il fallait fuir. Le premier truc qui s’était mis sur mon chemin, c’était mon ex. Une fuite mais pas la liberté, puisque se fut une descente aux enfers. Dix ans et demi d’enfer. Sur dix ans, huit ans où je dormais, où je n’étais que l’ombre de moi-même. J’ai un mot qui me vient, c’est perversion. Dans le sens où il m’encourageait dans mon état. Je buvais ses paroles, je fusionnais avec lui. Je cherchais l’amour et le regard de l’autre. 

Il avait un schéma familial très spécifique, on allait voir sa famille de moins en moins, il ne s’y sentait pas bien. Moi de mon côté étant solitaire, je ‘avais pas d’amis. Lui il avait quelques amis, mais je n’étais pas dans leur délire, je me sentais à l’écart. Même entourée de monde, je me sentais seule, pas bien. Nous n’allions jamais au théâtre. Au cinéma cela nous arrivait même si au bout d’un moment, il y avait toujours ce truc. C’était l’argent, il se plaignait que c’était lui qui payait plus que moi alors que nous n’avions pas du tout le même niveau. Une fois au cinéma au bout de cinq minutes j’ai eu une crise d’angoisse et je suis allée l’attendre dans la voiture. Le restaurant, encore moins car j’étais anorexique, sauf vers la fin. Et pour lui de toute façon le restaurant, c’était kebab, burger, macdo, fast food. 

Son père était français, sa mère était née à Pondichery, en Inde. Son père, plutôt blanc, chasseur. Son père a quitté sa mère, il avait 17 ans. Après il est parti avec une femme d’origine africaine, le grand-père n’était pas du tout content. De son côté, le climat familial était délétère. Mon ex a pris inconsciemment la place du mari dans la famille et sa mère très dépendante de lui.

Je dois vous parler aussi de sexualité… avant mon ex, j’avais rencontré quelqu’un, ça  a duré 6, 7 mois, ça m’a éveillé à la sexualité, c’était la première fois où j’avais du plaisir, où je n’avais pas mal. La première fois il faut dire que ça c’était passé chez mes parents, ça n’avait même pas duré cinq minutes. J’avais eu mal, le mec me disait que c’était normal. J’ai vécu cette première fois dans la souffrance, ça laisse des traces psychiques. La douleur est revenue dès la première fois avec mon ex-conjoint. On faisait l’amour en cachette car sa chambre était son lieu de vie, où sa famille rentrait n’importe comment. Genre sa mère cogne très fort  au moment où nous sommes sous les draps et crie « qu’est-ce qu’on mange ? « . Je crois qu’il était mal à l’aise aussi. La pénétration, j’ai connu ça  4 fois en dix ans. après c’était plus des gestes tendres. Puis est venue une époque où il ne pouvait plus me toucher. C’était une vie de couple à mille lieux des films romantiques que je voyais. De plus,  il y avait cette anorexie qui s’est aggravée, c’était par phases. La première phase c’était à 14 ans, dans une famille d’accueil, j’étais loin de mes parents, c’était dur. Tout ce qui était colonie, c’était le pire cauchemar. 

J’ai touché littéralement le fond à 23 ans, quand ma soeur s’est mariée. Lors du mariage de ma soeur, j’avais pris un 36. J’adorais. La dame du magasin me dit c’est trop grand et m’a conseillé la taille en dessous sur le mannequin dans la vitrine. J’adorais la robe et je ressemblais à un sac d’os. J’ai acheté une robe noire chez Mango qui cachait tout. Quand on ne se nourrit plus on a de plus en plus de trous de mémoires. Mais je ne me suis jamais fait vomir, j’étais phobique du vomi, je n’ai jamais pris de laxatifs. C’était simplement la privation pure et dure de l’alimentation. Un autre moment je pouvais manger, manger, manger. Une fois j’avais tellement mangé, mon coeur palpitait, j’ai songé à me faire vomir mais, une petite voix m’a dit  » non te fais pas vomir sinon ce sera la fin « . Je me suis couchée à côté des toilettes, j’ai tenu. Avec le recul, il y a une force en moi, je crois. C’est tout récent que je retrouve le plaisir de dîner, je suis sorti de l’anorexie mais ça se fait par étapes.

Personne n’a relevé le fait que vous étiez anorexique et vous travaillez dans une boulangerie ?

Non, pas vraiment. Vous savez, j’étais abonnée au médecin.  Aucun médecin n’a détecté de troubles alimentaires. Bon, ils n’étaient pas armés pour ce sujet. 

Surtout les médecins de famille.

C’est vrai. Et après quand je me suis retrouvée sur Compiègne, je faisais bien la comédienne. Quand le médecin me disait que j’avais un peu maigri, je bottais en touche avec de l’humour. A la boulangerie, je ne ressentais  pas ma faim, mais je savais donner faim aux autres, du coup j’étais l’une des meilleures vendeuses. En fait, j’avais tellement faim inconsciemment que je communiquais mon enthousiasme. J’y suis toujours dans cette boulangerie, depuis 7 ans et demi. Quand je mangeais, c’était soit une salade ou du sucré. Mais la salé ne passait pas. L’anorexie c’est complexe, ça prend de multiples facettes. Mais mon ex n’était pas dupe, il me disait  » il faut que tu manges, la nourriture c’est comme de l’essence dans une voiture, si ça continue comme ça, je t’emmène  l’hôpital « .  Je ne voulais pas y aller, j’ai fait des efforts progressifs.

Le confinement, vous m’aviez dit  avant cet entretien, que ce fut révélateur et que ça vous a encouragé à quitter votre copain…

Oui même avant. J’avais déjà songé à la quitter, c’était au bout de quatre ans, il m’a retenu. Ensuite, il m’a presque forcé à signer un 35 heures dans une boulangerie. Ce fut difficile à vivre. J’avais encore mes troubles alimentaires, mes crises d’angoisse, je travaillais six jours sur sept, la pression. J’ai même songé au suicide. En finir avec le boulot, le couple. Et puis la vie, les synchronicités. Mon ex me parle d’une cliente qui fait de l’hypnose régressive. Puis je me retrouve à faire une hypnose avec Adeline Petit. J’ y allais sans arrière pensée. En 2018, mon ex conjoint y a eu recours aussi, car il avait aussi un passif. Mais c’était peu probant. Je dois confier que quand j’ai rencontré Adeline Petit, ce fut comme une retrouvaille. La première fois qu’on la voit, ce qui nous marque ce sont ses yeux. 

Oui, on le remarque.

On le remarque direct.

Ses yeux, sa silhouette.

Et pour moi, ce fut la sensation de retrouver une amie.  Avant de faire la séance, on a dû parler pendant une heure, une heure et demi. J’ai  parlé sexualité, une façon de sauver mon couple. Mon conjoint me faisait comprendre que tout était de ma faute. Adeline était un peu comme la dernière chance. La sexualité était un vrai problème. Surtout quand quelqu’un te met tout sur les épaules. Adeline a su me dire que ce genre de problème ça va dans les deux sens, ce n’est jamais unilatéral.

Comment l’avez-vous vécu le confinement ?

Le premier confinement… Juste avant c’est-à-dire fin janvier, début février j’avais déjà dit à mon conjoint  » il y a deux possibilités, soit on reste et on évolue ensemble sinon on se sépare et chacun suit sa vie ». J’avais eu l’idée d’aller voir une thérapeute de couple et il avait accepté de m’accompagner. J’étais remplie d’espoir… le rendez-vous… bon… on était toujours au même point… le seul coupable c’était moi… je dois confier aussi qu’il n’arrivait pas à trouver le vagin… je lui disais  » Là tu vas vers l’anus », et il disait « non, non, c’est le vagin… ». J’en arrivais à douter de mon corps. On le faisait dans le noir. Il aimait que je lui fasse une fellation. Mais me faire une cunnilingus, c’était toute une histoire. Les trois premières semaines du confinement, je regardais beaucoup la télé, je m’endormais devant la télé. La troisième semaine il y a eu déclic, il se réveille, moi je le regarde, il me dit : « quelle heure il est »; je lui dis : « 8 heures ». Et sa réaction : « ah ben c’est cool je vais pouvoir voir deux autres épisodes de ma série ». Alors ok, le gars, tout ce qu’il trouve à dire au réveil à 8h, c’est je vais voir la télé à côté de sa nana. Les semaines passaient, il faisait l’intégrale de Game of thrones, ou Avengers. Je ne voulais plus vivre ça… Et là est arrivé le compagnon de ma voisine. Elle était sous tutelle, souvent éméchée, parfois la police venait. J’appelais les flics, il venait me reprocher d’avoir appelé les flics, je contactais le propriétaire, bref, c’était trop. C’était fin avril 2020. Il n’y avait plus rien à faire. A ce moment là mon corps de femme se transformait. Je redevenais belle. Il avait des crises de jalousie, il ne supportait pas qu’on voit ma poitrine mise en valeur. Pour lui, la femme devait se cacher. Le Noël avant le confinement, il m’a fait une crise suite à un repas en famille. Je lui ai claqué dans la tronche : « Je m’habille comme je veux, tu n’as rien à me dire sur la manière de m’habiller ». Je lui dit fin avril, dans la chambre « C’est fini, on se sépare ». Il m’a dit  » Oui, on est devenu que des partenaires financiers ». Au bout de dix ans…

Heureusement entre temps j’avais commencé à chercher un appartement. Quand j’en ai parlé à mes parents, là aussi ça a été la claque. Mon père me disait : »oui mais ça peut arriver dans des couples que ça aille pas fort après tant d’année ». Ma rupture bousculait leur train-train quotidien. J’ai déménagé en août et pris le temps de parler plus longuement à mes parents de ma vie. Je ne voulais plus des non-dits. A partir de la séparation j’ai commencé à revivre, je me suis remise au chant. La seule matière à l’école où j’excellais c’était en musique. Quand j’ai voulu faire du piano, mon père a refusé en disant  » Non ce n’est pas un sport » et il avait prétexté le budget. J’en ai reparlé à mon père récemment de ça, il a dit :  » Non je ne m’en souvenais pas de ça ». Je me suis dit laisse tomber, il avait la mémoire sélective, de plus en plus.

Maintenant, je vis avec moi-même. Quand je suis allée au conservatoire récemment pour le cours de chant, je me suis sentie chez moi, à ma place où je devais être. C’est une libération !

Actuellement, vous êtes toujours à Compiègne ?

A quinze minutes, je bosse toujours à la boulangerie et je vis avec mon chat.

Comment ce chat a fait irruption dans votre vie ?

Et bien, ça faisait déjà quelques années que je voulais un chat mais mon conjoint était allergique. Puis on est allé chez un couple d’amis, leur chatte avait eu une portée et il y avait un petit chaton gris, prématuré. Quand je suis revenue les voir, le petit chaton avait bien grandi et se collait à mon conjoint. Mon amie a insisté pour que mon conjoint le prenne, et on s’est retrouvé avec ce petit chat. Après des recherches, j’ai découvert que le chat a une autre symbolique, c’est un des noms qu’on donne au pénis de l’homme et tout s’est passé comme si le chat prenait la place de mon ex. Il se comportait avec moi comme si j’étais sa femelle. Je dormais, il dormait.

Etonnant. Et où en êtes-vous maintenant ?

Et bien ça fait un an que je suis célibataire, je ressens que je vais rencontrer quelqu’un. Mais la vie de couple je ne veux plus en entendre parler, le mot de couple est insupportable. Je sais ce dont j’ai envie, ce dont je n’ai plus envie. J’ai envie de partager des moments ensemble sans ambiguïté… J’ai pris le temps de m’intéresser à la façon dont les hommes ressentent les choses. Beaucoup de femmes ne se rendent pas compte à quel point l’homme peut être stressé par le sexe. J’aime les hommes qui disent ce qu’ils ressentent, qui ne cachent pas leurs émotions. Je veux voir un homme qui vit totalement. J’ai été dans la non-vie, je veux vivre totalement. Cette liberté n’a pas de prix. Le jour où quelqu’un rentrera dans ma vie, c’est chacun chez soi.

Il y a de plus en plus d’articles là-dessus en effet, et ça touche le monde entier, l’Afrique urbaine, New Delhi. Ce que je retiens dans cet entretien-fleuve, c’est votre progression avec ce mot de fin, que vous avez envie de vivre. C’est important. On a le droit de vivre. On a pas le droit de faire croire que les gens ne peuvent être heureux que s’ils ont une voiture, de l’argent ou une vie de couple normalisée, idéalisée. Vous rappelez le long chemin parcouru pour retrouver votre intégrité physique, émotionnelle et mentale. Vous vous autorisez à vivre. Alors certes vous n’avez pas fait cette démarche toute seule, des personnes comme Adeline Petit vous ont accompagné. Vos mots vont aider beaucoup de lecteurs, de lectrices.

Merci de la part de Mouvelife pour ces confidences.

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Article

Savoureusement Soi – Le goût influence aussi notre bien-être ? par Adeline Petit

Ce thème du goût est quelque chose qui me touche particulièrement car j’ai moi-même eu des troubles alimentaires de type boulimie. Jusqu’à en faire une surdose lors de mon burnout sur la période 2009-2010, c’est là que j’ai accumulé plus de quarante kilogrammes en l’espace de quatorze mois. Factuellement ce n’est pas parce que je ne mangeais pas équilibré puisque j’ai grandi avec une mère dans l’hyper-contrôle de l’alimentation dite saine. J’ai appris par la suite que c’est même considéré comme une maladie, orthorexie. Ce qui à joué dans le déséquilibre c’est que j’ai grandi dans un schéma d’humiliation de la petite fille que j’étais, un schéma familial et planétaire à des degrés différents partout. Avec du recul, je sais que manger « sainement » ne se trouve pas que dans l’assiette.

En effet, se nourrir c’est aussi alimenter son esprit et son âme.

Toutes les lignes qui suivent sont des constats et des observations sur 10 ans de remise en équilibre, je suis actuellement moi-même dans une phase de stabilisation corps et esprit.

Car avec du recul, il est évident que nous mangeons en fonction de notre état d’être ou encore en fonction de la conscience et de l’estime que nous avons de nous-même, en plus de nos besoins physiologiques. En observant mes expériences et ce qui m’a été enseigné, je constate que nous ne sommes qu’au début de cette compréhension. C’est pour cela que j’ai écrit fin 2018 le livre Un Sens à Soi, comment être en équilibre dans une monde en déséquilibre ? Car il était évident que la partie le plus touchée par le déséquilibre était la perception de moi-même à travers les filtres, les illusions, les croyances de notre monde.

En effet, cela ne veut pas dire qu’une personne qui a une apparence dite de corps sain est saine d’esprit. C’est ce que j’ai constaté avec le diktat de la minceur et aussi par l’expérience d’une amie qui a vécu l’inverse de la mienne, c’est-à-dire l’anorexie.

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Un corps sain est l’esprit en mouvement et en équilibre dans la création de sa vie. Exemple « extrême » : une personne en fauteuil roulant peut faire du sport et réaliser ses rêves à sa manière avec les outils dont elle dispose, si elle a en elle la motivation de réaliser ses rêves et qu’elle est entourée de personnes bienveillantes qui l’aiment dès sa naissance pour ce qu’elle est et non pour une apparence, un statut, etc. C’est comme cela qu’elle apprendra à s’aimer et à aimer créer sa vie et le transmettra de génération en génération. Car elle sera l’exemple même de l’amour.

Voilà ce que j’ai observé sur le lien goût et état d’esprit. Ce qui explique pourquoi nous avons tendance à trop manger sucré, salé, etc. En effet, j’ai eu dans mon parcours professionnel la gestion d’un laboratoire d’analyse sensorielle pendant deux ans. Le goût des aliments reflète notre état d’esprit mais aussi nous permet de détecter un aliment moisi d’un aliment sain à notre consommation.

Mais quand vous avez une estime de vous au ras des pâquerettes et que l’on ne vous a pas appris à la construire et la créer dans tous les instants présents de votre vie., vous aller directement à la chose la plus simple et naturelle en soi, vous mangez trop ou vous arrêtez de vous alimenter, cela à des degrés différents selon votre perception de vous-même et du monde.

Voici un tableau récapitulatif sur le lien goût et schéma émotionnel qui évoluera certainement en fonction de mes futures expériences sur le sujet, et peut-être un autre livre sur le sujet.

Capture d’écran (287)

Comme le disait mon médecin, tu as le droit de manger de tout Adeline. Seule la quantité dont tu as besoin est importante et j’ajouterai en fonction aussi du besoin que l’on n’arrive pas à exprimer. Mais aussi de manger en fonction de sa conscience vis-à-vis des animaux que l’on consomme. C’est-à-dire en les respectant eux et leurs souffrances.

Voilà, j’en suis là sur mes expériences d’équilibre esprit et corps.

C’est une aventure de tous les jours d’apprendre à se connaître.

Comme le disait Descartes, « Connaîs toi-même et tu accéderas à tous les secrets de l’univers ».

Cette phrase est vraie et toutes les expériences de nos vies nous guident, quand nous acceptons la sagesse et l’expérience de nos connaissances. Ce que l’on appelle être aligné corps-mots-esprit.

Cela passe aussi par comment nous nourrissons notre conscience à travers l’alimentation.

L’art de manger en conscience est à ses premiers gazouilles !

Merci pour votre lecture.

Adeline PETIT

Auteur en développement personnel – http://www.unsensasoi.com